La situation se tend… les navires ennemis ont pris le port de la capitale !
Dacien et ses hommes reviennent à Assale pour y trouver une flotte ennemie, des dizaines de bateaux de guerre étrangers, canons pointés vers les murs de la ville. C’est le branle-bas de combat, le Fédérateur Ydes motive ses troupes. Mais seuls Dacien et les siens savent réellement à quel danger ils vont faire face…
« Soldats, citoyens, gens d’Assale et de Caldécie, aujourd’hui est venu le temps d’affronter un danger qui, hier encore, n’existait que dans la légende. Mais ne tremblez pas. Ils ont des bras, des jambes, et très bientôt vous pourrez me montrer s’ils pissent le sang tout comme nous quand on leur plante une lame dans les entrailles ! »
L’armée poussa un rugissement de joie. Ydes savait fort bien s’y prendre pour motiver ses troupes, il fallait le lui concéder.
« Aujourd’hui, mes amis, est le jour où vous devrez défendre votre famille. Vos amis. Votre pays ! »
Rugissements encore.
« Soyez fiers de vous, portez haut les couleurs des Longues Côtes et de la Caldécie, car aujourd’hui, nous renvoyons les étrangers à leurs mères, auprès desquelles ils pourront pleurer tout leur soûl d’avoir été fessés comme ils le méritent ! »
Rugissements toujours, puis la phalange se mit en branle. Les bannières des commandants guidèrent les soldats dans les rues qui partaient vers la mer. Malena la guerrière et sa chevelure de feu disparurent à ma vue. Le bataillon d’archers se dirigea également pour aller prendre place sur tous les toits, dans toutes les fenêtres, derrière chaque balustrade qui offrirait un angle de tir valable. Des escouades avaient passé les deux derniers jours à repérer toutes les positions possibles et chacun suivit sa feuille de route sans hésitation.
« Les archers, je suis d’accord, dis-je en râlant. Mais faire étalage de toutes nos forces armées sur les quais, je ne comprends pas. »
Je pris part au défilé en traînant des pieds. Nous suivions l’oriflamme marquée d’un cerf bondissant du commandant Mirce. Quelques habitants étaient accoudés aux balcons pour nous regarder passer, mais la plupart attendaient avec impatience que nos hommes aient dégagé les rues pour prendre notre suite. Il ne faut pas marcher sur les plates-bandes des citoyens des Longues Côtes : ils aiment trop la bagarre pour ne pas sauter sur une belle occasion. Les fédérateurs avaient appris à faire avec. Ils laissaient les citoyens accompagner les armées de métier, à condition qu’ils suivent les ordres et qu’ils ne se mettent pas dans nos pattes.
Je ne pouvais m’empêcher de frémir tout de même. Malgré l’ordre et la discipline dans nos rangs. Malgré les beaux discours d’Ydes. Malgré l’engouement des habitants à nos côtés. Il ne faut pas se lancer dans une guerre sans être prêt à en payer le prix. Je regardai les hommes autour de moi et me demandai lesquels seraient encore là dans quelques années pour raconter leurs exploits à leurs petits-enfants.